Les actualités internationales d'hier et d'aujourd'hui, people, politique, années 60-80 et les actus perso de Michelle Black, hantée par l'American dream, revues et corrigées, avec dérision, par elle-même, blogueuse en quête désespérée d'un éditeur.
L'autre jour, en parcourant l'article qui traite de la violence faite aux femmes, sur le site de Mademoiselle, je suis tombée sur une photographie de Nan Goldin la représentant le visage tuméfié par les coups de son amant. Je connais l'oeuvre de Goldin mais là, j'ai eu un choc. Tout d'abord parce qu'on ne pouvait pas mieux choisir pour illustrer un tel article mais aussi parce que le portrait en lui-même possède une force émotionnelle rare. Artiste américaine atypique, Nan Goldin a su, tout au long de sa vie, capturé la misère morale, la souffrance, la difficulté de survivre et les joies aussi mais dans des ambiances particulières et destructrices. Au début, elle a commencé à photographier ses proches, ensuite ses amis marginaux en révélant leurs univers à la fois trash et intrigants. C'est par cette intrusion dans sa propre intimité et celle de ces êtres en marge que Goldin nous révèle différents aspects de la condition humaine. Cependant, au travers de ces images souvent glauques, filtre une immense tendresse malgré les thèmes évoqués: la fête, la drogue, la violence, le sexe. Cet autoportrait est une des meilleures représentations de la femme la plus anticonventionnelle jamais réalisée. A lui seul, il vaut à Nan Goldin d'entrer dans l'Histoire de l'art par la grande porte.
Les Grecs sont des gens chanceux. Les impôts, c'est un concept qu'ils ne connaissent pas car d'une part, rares sont ceux qui en paient et d'autre part, ils ont toujours une relation qui connait quelqu'un qui connait untel qui leur évitera de participer au bien-être de la collectivité. La corruption, à tous les niveaux, fait partie de leur quotidien. Il s'agit d'un état d'esprit ancré dans les consciences et il leur parait inconcevable que ce sport national disparaisse un jour. L'impôt foncier, par exemple, ne fait pas partie de leur vocabulaire. Il n'y a pas de cadastre en Grèce c'est-à-dire la possibilité, pour l'Etat, de recenser à quel propriétaire appartient telle parcelle de terrain. Dans les campagnes, les paysans délimitaient eux-mêmes leur bien à l'aide de clôtures et la propriété en question était ainsi transmise de génération en génération. Déjà bien avant la crise de l'euro, l'Europe leur a distribué ses deniers censés financer divers projets qui n'ont finalement jamais abouti car l'argent est tombé dans des poches maintenues ouvertes pour la circonstance. Les Grecs savent que lorsque l'un de leurs dirigeants est pris la main dans le sac, il n'ira jamais en prison. Une sorte d'immunité stipulée dans la législation. Ils haussent les épaules, relèvent le menton et en rient mais la grimace est jaune et fataliste. L'Eglise Orthodoxe, bien qu'elle soit le plus gros propriétaire foncier du pays, n'est pas en reste: elle non plus ne paie pas d'impôts puisque, argumentent les Popes, l'Eglise n'appartient-elle pas au peuple? Idem pour les grands armateurs qui restent en Grèce parce qu'ils n'y sont pas taxés. Lorsque le pays est entré dans la famille européenne, elle a falsifié ses comptes. Une "erreur" qui n'est pas passée inaperçue puisque, récemment, N.Sarkozy l'a fait remarquer et s'est dit désolé que l'Europe ait accepté la Grèce en tant qu'Etat Européen. Ne soyons pas naïfs, les héllènes ne parviendront, probablement, jamais à rembourser leurs dettes. Il faudrait que les mentalités changent et pour cela il faut du temps or le temps leur est compté. Deux sauvetages et un bonus, les banques ayant accepté d'effacer la moitié de la dette. Chanceux, les Grecs. Imaginez que vous ayez une ardoise dans l'une ou l'autre banque, je doute que votre banquier vous fasse un cadeau sinon vous envoyer un huissier. Là-bas, Papandreou martelle: "Cette crise est une chance pour nous! Elle va libérer notre pays du passé". La Grèce prend l'Europe en otage et, à court ou à moyen terme, nous risquons tous de le payer très cher.
"Y-a plus de vieillesse!" Disent les jeunes. A l'inverse, dans les années 60-70, les vieux disaient "Y-a plus de jeunesse". Il est vrai que ces années-là ont bouleversé les esprits lorsqu'Antoine chantait que, malgré les injonctions de sa mère, il ne se ferait pas couper les cheveux, qu'à la demande de conseil de LA Présidente, pour enrichir le pays, il lui avait suggéré de mettre la pillule en vente dans les Monoprix. Effarés, les parents regardaient leurs adolescentes s'évanouir devant la passion que déchaînaient les Beatles. Les hommes n'en croyaient pas leurs yeux quand, à Londres, Mary Quantdiminua drastiquement les longueurs des robes. Il fallait être filiforme, comme Twiggy, pour porter les mini-jupes.
C'est à cette époque que le mot "Régime" a fait son apparition dans les colonnes des magazines ados. Mini, mini, il est minuit, Docteur Schweitzer, entonnait Jacques Dutronc en arpentant les rues, à 5h du matin, lorsque Paris s'éveillait et que la Tour Eiffel avait froid aux pieds. Les garçons et les filles de Françoise s'envoyaient en l'air en songeant à la moue sexy et aux déhanchements de Mick Jaegger sussurant "Angie" sur le tourne-disque Tepazz. Les vieux devenaient fous lorsque le LSD, dont l'usage pouvait transformer la vision d'une théière en éléphant, fit son apparition. De mémoire de vieux, on n'avait jamais vu çà. "Y-a plus de jeunesse!" Hurlaient les parents et les grands-parents et les arrières grands-parents se retournaient dans leurs tombes quand cette jeunesse a déferlé sur Woodstock et à l'île de Wight où les fringues étaient devenues inutiles et que les doigts magiques de Santana, accompagné du très mignon et talentueux batteur Michael Shrieve, glissaient sur la guitare qui lançait les notes du fabuleux "Soul sacrifice".
Cette jeunesse délurée et révoltée, tant décriée à l'époque, celle qui a eu la chance de vivre au temps des golden sixties pendant lesquelles l'économie fonctionnait, que les banques ne se cassaient pas la figure, que les dettes des pays, on savait même pas que ça pouvait exister. La jeunesse d'hier est devenue la vieillesse d'aujourd'hui, cette vieillesse qui ne veut pas vieillir parce qu'on leur en donne les moyens. L'espérance de vie, grâce à une médecine qui ne cesse de faire des progrès, est de plus en plus longue. Aujourd'hui, les vieilles font des gosses à 50 ans, fument encore des joints, retournent à l'université à 60 parce qu'elles ont encore un avenir, font du jogging tous les jours parce que cela permet de garder la forme physique et psychique, entretiennent leur libido parce que c'est bon pour la santé.
Cependant, toute médaille a son revers: à l'avenir, la jeunesse aura-t-elle encore les moyens d' entretenir une vieillesse éternellement jeune? Y-a plus de vieillesse et c'est tant mieux.....